Spa Eastman

Situé sur un domaine de 323 acres avec une vue imprenable sur le Mont-Orford, au cœur des Cantons-de-l’Est, le site vous ouvre les portes d’un véritable petit village vacances. Avec ses sept pavillons d’hébergement totalement différents, ses 15 kilomètres de sentiers pédestres aménagés en pleine nature, ses jardins et ses paysages de cartes postales, on s’y sent rapidement dans son élément.

Crédit photo Catherine Mavrikakis : Sandra Lachance

Auteurs

Nicolas Lévesque et Catherine Mavrikakis

Nicolas Lévesque est écrivain et psychanalyste. On l’entend souvent à la radio ou dans des balados. Il a écrit une dizaine d’essais littéraires dont Le Québec vers l’âge adulte et Je sais trop bien ne pas exister. Ses derniers livres (Phora et Ptôma) portent sur sa pratique clinique et sur la rencontre des humains les plus divers qui peuplent son cabinet.

Catherine Mavrikakis est écrivaine et professeure à l’Université de Montréal. Son œuvre de romancière et d’essayiste est aujourd’hui présente et reconnue dans plusieurs pays et en plusieurs langues avec, entre autres, Ça va aller, Le ciel de Bay City et Oscar De Profundis.

Extrait

Nicolas Lévesque et Catherine Mavrikakis, Ce que dit l’écorce

L’être humain est un animal qui a perdu, au cours de son évolution, sa fourrure. Il est aujourd’hui si nu, enveloppé d’une peau de bébé, vulnérable, irritable, excitable. La peau de l’ancêtre chasseur préhistorique qui courait dans la savane a eu avantage, pour mieux gérer sa température, à passer des poils à un système de transpiration composé de glandes sudoripares. J’aime m’imaginer que l’art de faire un feu a dû aussi, paradoxalement, participer du détachement progressif de sa fourrure – ce qui rend fascinant le réflexe d’entourer le nouveau-né d’animaux en peluche. Je m’explique ainsi que, plus l’humain s’est armé de savoirs et d’outils, plus sa peau est devenue souple, douce et mince, bientôt translucide, papier de riz. […] Je suis née sans peau et ma mère ne m’a pas donné la sienne. Peut-être a-t-elle eu du mal durant sa vie à avoir une peau autre que celle que lui octroyaient toutes ses parures. J’ai longtemps pensé, à tort, que ma mère n’aurait pas pu ou voulu donner sa peau pour ses enfants, et qu’elle avait toujours imaginé nous avoir la peau à tous.

Commentaire

Le dialogue essayistique de Nicolas Lévesque et de Catherine Mavrikakis touche, dans tous les sens du terme, à la psychanalyse de cet être étrange, l’humain, qui n’a plus de fourrure et qui s’est donc rendu plus vulnérable par sa maîtrise technique de plus en plus sophistiquée, jusqu’à envelopper son corps de matières totalement synthétiques. Quand vous plongerez dans les eaux calmes du spa, songez que nous héritons notre condition de nos lointains ancêtres venus de la mer, d’où notre cerveau a pris ce besoin d’iode sans lequel l’idiotisme nous guette. Nous sommes, en effet, des singes aquatiques aimant l’eau chaude, ce qui nous confère un statut spécial dans le règne animal de bête vêtue, et donc socialement différenciée, cherchant dans la douceur de la peau un paradis maternel à sans cesse perdre et retrouver.

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