Mont Orford – Station de ski

Le Mont-Orford vous invite à sortir en grand durant la saison estivale. Le décor y est somptueux, la nature abondante, et les différents points de vue permettent d’admirer des paysages spectaculaires, du majestueux lac Memphrémagog à la chaîne des Appalaches. Pause du quotidien assurée.

Crédit photo : Annette & Basil Zarov- Courtesy of François Ricard, the Gabrielle Roy Fonds

Auteure

Gabrielle Roy

Écrivaine née à Saint-Boniface au Manitoba, sur la rue Deschambault non loin de la rivière Rouge, qui sépare les Canadiens français et anglais, Gabrielle Roy porte en elle la vastitude des immenses Prairies canadiennes. Elle a souvent parlé dans ses romans, récits et autobiographies, entre autres dans La route d’Altamont, de l’événement qu’est une petite montagne dans le paysage plat à perte de vue de l’Ouest canadien. Le Québec et l’Europe ont été associés dans son imaginaire aux pays des reliefs et des hauteurs. Son œuvre a été traduite dans de nombreuses langues, célébrée par une quantité de prix prestigieux (Athanase-David, Gouverneur général, médaille de l’Académie des lettres, Molson, etc.).

Extrait

Gabrielle Roy, La montagne secrète

Elle [la montagne] était fière incomparablement, et incomparablement
seule. Faite pour plaire à un oeil d’artiste en ses plans, ses
dimensions, ses couleurs.

Et aussi choisit-elle, pour se montrer, l’heure la plus glorieuse.

À sa base, nourrie par un sol meilleur à cause sans doute des alluvions et de l’eau toute proche, elle portait une ceinture de petits bouleaux fragiles, qui frémissaient en cette fin de jour dans un bruit de ruisseau – leurs feuilles rebroussées par le vent avaient du reste l’éclat furtif d’une eau qui court au soleil. Ensuite, jusqu’à mi-hauteur, elle apparaissait fleurie de lichens flamboyants, comme si sa propre couleur, de roc fauve par endroits, ailleurs rouille, ou encore d’un bleu de nuit étrange, n’eût pas suffit à éblouir. Puis, se dépouillant de toute végétation, elle montait, se resserrant en un pic géant de teinte plus sombre mais plus rare encore. Presque parmi les nuages, elle se terminait en une pointe de neige et de glace qui étincelait comme un joyau. De sa base à ce joyau la couronnant, elle se mirait toute dans un lac à ses pieds, qui semblait l’aimer, sans fin la contempler, se tenant lui-même dans une parfaite immobilité d’eau turquoise, ourlée sur ses bords d’une épaisse mousse de caribou. Plus loin, dans une petite prairie, auprès de si puissante montagne, s’agitait dans leur naïve beauté d’un jour des pavots de l’Arctique.

Commentaire

La montagne est un symbole spirituel depuis les premiers récits de l’humanité (Gilgamesh, La Bible, etc.) : c’est au pied de la montagne du bout du monde que Gilgamesh apprend le secret de l’immortalité, et c’est sur le Mont Sinaï que Moïse reçoit les tables de la Loi. Gabrielle Roy en fait dans La montagne secrète un lieu chargé de puissance artistique. La montagne est pour le personnage de Pierre Cadorai, inspiré de la rencontre de Gabrielle Roy avec René Richard, le lieu de la révélation de la raison d’être de l’art et le cœur vivant des humains sur Terre. Dans son errance parmi les rivières et les plaines du grand Nord canadien et québécois, le peintre Pierre Cadorai trouve avec cette montagne secrète, connue de lui seul, le centre de la vie humaine. Le mont Orford a un peu cette dimension spirituelle, non seulement dans les cultures autochtones (abénakise, wendate et anichinabée), mais aussi dans l’œuvre, par exemple, d’un Alfred Desrochers, puisque la montagne se détache du commun des mortels par sa masse imposante et fière, dominant le paysage de l’Estrie, lui donnant son âme.

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