Déjà les fleurs ont cessé de respirer. Une banquise à la dérive. Dans le rétroviseur, mon prochain visage.
Je cours derrière des pensées disparues en mer. Le ciel s’allonge si lent à répondre de ses promesses.
Tu es aussi enfant que possible. Mes branches recousues au portail de ton île. Surtout ne pas quitter ta main sur mon épaule.
Nous portons à notre bouche tous les fruits, nourrissant les fantômes de passage. Sur les murs de la chambre, nos naufrages en couches multiples.
J’apprends à survivre entre deux dalles quand la ville serre les dents. Mes pieds vagabonds ne retiennent pas le nom des rues. Petit à petit, ma toile se déchire vers l’est.
Ma signature sur le sable s’est effacée de même que les contrées qui couraient en moi.
Les contours de ta ville mis en boîte. Je sais le plus court chemin entre ta main et mon visage.
Une image déformée de moi-même devient mon seul navire jusqu’à toi. Dans le grondement de la ville, clairement, le cri d’une enfant égarée.
Mon corps dans la rafale, j’aurai gravi le sommet à cinq heures du matin pour que tu voies le soleil debout. Sur la neige durcie, mon gant entrouvert.
Nos enfances bercées de tremblements. Je ne crois plus au pari des pigeons.
Le ciel parfois si perdu, à plat ventre au fond de la mer.
Notre échelle de paix n’a jamais pu être assemblée. Nous atteignons le lointain d’un orage où tu flottes déjà sans me voir blêmir. Se perdre est un oiseau dans la paume.
Tous les instants dressés attendent la suite. On ne soupçonne pas juillet en regardant les étoiles.
J’appelle les jours où séchaient les tuiles sur une corde simple. La maison de bois, ses reflets argentés par trop de sel. Revenir à la mer, ventre de mes échos arrondis.
Le temps n’est pas le même mensonge pour chacune des griffes logées dans les espaces vacants de mon cou. Il faut marcher longtemps pour prendre de l’altitude.
J’appartiens aux algues et au plumage des saisons. À la nuit que l’on étire par son bout le plus lumineux.
Une mer déborde de toutes les réponses.
Deux coquillages me tiennent lieu de cœur. La déconvenue a pris la place de la chair.
Suspendre les doutes sur le sentier du retour. Sous la couette, mon corps conserve sa moitié. J’enfile le noble ordinaire des heures.
Au détour, les ébauches encore chaudes d’une nouvelle adresse. Entre mer et montagne, où je n’ai jamais cessé de me réparer.
Ma route ne s’invente pas dans l’œil du goéland. Tous les escarpements derrière moi. J’étais ma propre colline.
Me voici à remettre sur pied les membres d’une même tribu. J’enterre les sentiers noircis de questions et ma montre.
À la seconde aurore, la moindre étincelle monte du bleu des petites marées.